Kashgar la magnifique

Décidément cet été ressemble a un mois de pèlerinage. Apres le Qinghai et Turpan, me voila de retour à Kashgar, trois ans après mon premier voyage dans cette ville. C'était d'ailleurs mon tout premier voyage en Chine. Deux semaines après mon début de contrat en septembre 2004, je partais au Xinjiang pour les vacances d'automne. Je ne parlais que quelques mots de chinois à ce moment là.

Cette année, accompagné de mes parents, ma soeur et surtout de Yaling, le voyage est plus confortable. Mais on est quand même à Kashgar, un des endroits qui contraste le plus avec notre image occidentale de la Chine, le deuxième marché d'Asie Centrale après celui de la célèbre Samarkand. C'est d'ailleurs pour le marché du dimanche que nous sommes là. On commence par le grand bazar. Mais le plus intéressant est bien le marché aux bestiaux. Tout ce qu'il y a de quadrupède dans la région se vend ici: moutons, chèvres, ânes, chevaux, boeufs, chameaux, vaches. Les discussions semblent suivre un rituel millénaire: on regarde la bête, on discute, un petit groupe se forme autour des protagonistes pour suivre la négociation, puis une poignée de main vient conclure l'accord, les liasses de billets passent de main en main. Rien ne vient perturber les traditions à Kashgar, pas même les forces armées de la SCO qui étaient en manoeuvre au Xinjiang au mois d'aout. La Shanghai Cooperation Organization (SCO) regroupe six nations, Chine Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan et Ouzbékistan, pour prévenir tout risque d'éclosion ou de propagation de mouvement indépendantistes, et maintenir la stabilité dans la région. Ce sont les forces antiterroristes façon Asie Centrale. La SCO a aussi pour mission le développement économique, culture et social des pays de la région

Mais on ne peux pas dire que la ville est réellement immuable. Car trois ans après, j'observer tout de même des changements: Kashgar veut sa part du gros gâteau du tourisme chinois. Cela commence par faire payer l'entrée dans la vieille ville et à avoir mis une boutique dans chacune de ses maisons. Heureusement je me rappelais d'un petit chemin pour rentrer dans la vielle ville depuis l'arrière du grand bazar. Acheter un ticket enlève beaucoup au charme de ces ruelles.

Le lendemain nous partons pour le lac de Karakul. Là aussi il faut acheter un ticket pour marcher sur les berges du lac, déclaré parc naturel mais recouvert de sacs en plastiques. Les villages Kirghizes, quelques kilomètres plus loin, offrent un panorama magnifique sur le lac et sur les 7546m du Muztagh-Ata (le lac est lui-même à 3000m). Le village est désert, les habitants sont occupés dans les champs à faire les foins. Mais on arrive tout de même à rentrer dans quelques maisons. L'intérieur est très simple: les maisons ont deux pièces de part et d'autre du hall d'entrée. Elles servent toutes les deux de chambre, mais l'une d'elle possède en plus un fourneau pour cuisiner. Les deux tiers de la pièce sont sur-élevés de 50 cm et sont recouverts de tapis. Cette dalle fait office de lit. Au fond sont posàs des meubles en bois et d'épaisses couvertures. Les sources d'énergie sont rares ici. Il n'y a pas de bois, les bouses de yak sont utilisées pour cuisiner.